Découverte de la ville et d’un peut-être nouvel ami

Eh merde.

Pour ce qui était de cacher son infirmité, c'était raté.

Là, Gabriel se retrouvait face à deux choix fort simples: soit il essayait d'inventer une excuse bidon, soit il avouait de but en blanc qu'il ne savait pas lire.

Or, il n'avait jamais été très doué pour mentir, surtout en si peu de temps. Il se doutait que s'il essayait, il bégayerait, bafouillerait et ne serait pas très crédible de sorte que l'autre se douterait qu'il mentait. Cela créerait un petit malaise, même si Gabriel croyait qu'il ferait semblant de le croire par courtoisie. Ce ne serait pas très gentil de sa part de lui mentir de toute façon...Lui qui avait été si généreux avec lui. En plus, il semblait très sympathique et très gentil aussi. Pas le genre de personne qu'il avait envie de rendre mal-à-l'aise, même si techniquement il n'y avait pas grand-monde qu'il aimait rendre mal-à-l'aise. Puis, pour finir, mentir n'était pas dans ses valeurs, même si il avait été doué il aurait eu horreur de cela quand-même...

Il se dit aussi que, de toute façon, la honte qu'il ressentait face à cette infirmité était mitigée. Oui, il en était gêné, préférait que cela ne se sache pas et tout. Mais en même temps, il savait que ce n'était pas sa faute s'il ne savait pas lire et que cela n'avait aucun rapport avec son intelligence. Il n'avait simplement jamais appris. Les vrais coupables, c'étaient ses parents. C'était à eux d'avoir honte. Puis comme ce type semblait sympathique, il ne se moquerait fort probablement pas de lui. D'une manière ou d'une autre il n'était pas con, il se doutait bien que Gabriel était un sans-abris...Car seul un sans-abris ne saurait pas lire à son âge.Il le savait. Ils en avaient conscience tous les deux et cela créait un léger malaise également. Il prit donc sa décision et inspira profondément avant de planter son regard bleu dans le sien:

-Je lisais pas. Et on peut pas faire ça, parce que je sais pas lire. Alors faudra trouver autre chose, je sais pas si tu as une idée...

Il ne savait pas lire ? Comment était-ce possible ? C’était pourtant une des bases de l’éducation, et c’était tellement important et intéressant ! D’un autre côté, si ce jeune homme vivait dans la rue, il ne devait pas avoir eu la chance d’aller à l’école et d’apprendre toutes ses choses formidable. Quelle tristesse. Anthony était sincèrement triste pour Gabriel.

- Oh… je suis désolé…

Anthony s’en voulait d’avoir fait cette proposition à l’humain, mais d’un autre côté, comment aurait-il pu savoir que Gabriel ne savait pas lire ? Il n’en avait pas eu l’air ! Et puis… si Gabriel ne savait pas lire, pourquoi avait-il fixé ainsi le livre comme s’il lisait ? Pour faire comme s’il lisait, se donner une contenance, faire croire à Anthony qu’il savait lire ? Non, c’était absurde. Quel intérêt aurait-il eu à faire semblant ? Il n’avait rien à prouver à l’hybride. Et puis, il avait semblé vraiment pris dans ce qu’il faisait. Vraiment inspiré, comme s’il lisait vraiment. Peut-être essayait-il ? Ou peut-être aurait-il voulu savoir lire ? C’était fort probable.

- Tu veux que je t’apprenne ? Du moins que je t’apprenne les bases…

Il s’était approché calmement en parlant. Visiblement, il ne jugeait pas négativement l’humain. Après tout, ce n’était pas de sa faute. Anthony sourit gentiment, il ne voulait pas que sa proposition passe pour une preuve de supériorité. Il voulait juste permettre au jeune homme de s’évader par la lecture. D’un autre côté, en une soirée, ils pourraient sans doute à peine dépasser les bases. Et encore… Tout dépendait de la motivation de l’humain.

Et s’il ne voulait pas qu’Anthony lui apprenne à lire, ils trouveraient autre chose. Et pourquoi pas simplement discuter ? Ou alors, Anthony se contenterait de lui faire la lecture… Enfin, ils verraient bien ce qu’ils feraient. Ils trouveraient bien de quoi s’occuper. Et ils faudrait également qu’ils profitent du lit pour se reposer…

Comme il s'y attendait, le jeune homme ne se moqua pas de lui et ne sembla ni méprisant ni rempli de pitié. Il y avait une certaine sympathie dans ses yeux, rien de plus. Heureusement, car c'était un sujet très sensible pour Gabriel: si l'autre avait mal réagis, il aurait été capable de lui lancer son livre à la tête, et ce même si il considérait l'objet comme quelque chose de sacré et même si il était contre la violence en général.

Enfin, il était désolé...Pour sûr qu'il l'était. Les gens riches et aisés l'étaient toujours. certains sans-abris méprisaient ces gens, mais pas Gabriel. Ce n'était pas la faute de ces gens si tout était plus facile pour eux. Ils avaient juste eu plus de chance. Et il ne pouvait pas non plus mépriser la sympathie que ces gens ressentaient pour les gens comme lui. Que pouvaient-ils faire d'autre? Ils se sentaient mal d'avoir la vie si facile alors que d'autres l'avaient si dure. Et ils ne pouvaient rien faire d'autre qu'être désolé pour eux. C'était humain, et c'était la vie.

À la proposition du jeune homme, il inspira et releva la tête. Ses yeux brillaient d'envie. Comme il aurait aimé apprendre! Comme il aurait voulu que ce soit possible! Mais ça ne l'était pas. Apprendre à lire était un processus long et compliqué. Jamais il ne pourrait apprendre quoi que ce soit en un seul soir. En plus, dans la rue, il n'aurait pas l'occasion de s'en servir, et, ayant d'autres préoccupations, il oublierait bien vite le peu qu'il aurait pu miraculeusement apprendre ici. Malheureusement, ça n'en valait vraiment pas la peine.

-Merci, mais c'est pas la peine. J'aurai jamais le temps en quelques heures et puis j'oublierais ensuite. Mais j'apprécie quand-même.

Réflexe typique de celui qui se sent mal pour l'autre:essayer de l'aider. Gabriel comprenait cela. Ce type était un brave type, au fond. Juste qu'il ne pouvait rien pour lui, à part peut-être lui procurer une nuit de chaleur et de sécurité...C'était déjà plus qu'il n'en demandait, et c'était déjà aussi un merveilleux cadeau pour lui.

-Mais...

Il hésita. Il se sentait un peu mal de demander une chose pareille à son hôte, après tout ce qu'il avait déjà fait pour lui. Surtout que Tony était tellement gentil qu'il était sûr que même si sa demande le dérangeait, il ferait semblant que non et y répondrait quand-même. C'était un peu comme si Gabriel abusait de sa gentillesse en somme...Il savait que quoi qu'il arrive il ne dirait pas non. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher quand-même...Il en avait tellement envie!

-Est-ce que tu pourrais...Me faire la lecture?

Il se sentait un peu idiot de faire ça, mais en même temps, il le désirait vraiment et ça se voyait dans ses yeux bleus, qui brillaient. Se faire lire une histoire...Comme un enfant. Sauf que personne ne lui avait jamais raconté d'histoire quand il était gosse. Les seules qu'il avait jamais entendues, c'était celles, tristes ou grivoises, des gens qu'il côtoyait dans la rue. Et elles étaient toutes véridiques, malheureusement...Mais là, il avait une chance de se faire emporter par un récit magique, plein d'aventures, de héros, de magie, de surprise...Quelque chose qui le changerait de son quotidien pourri et qui lui donnerait de quoi rêver pour les semaines à venir. Il avait pu, quelques rares fois, à la lueur d'un feu, avoir la chance d'écouter un bon conteur et à chaque fois il avait été transporté. Il adorait les histoires!

Il regarda anxieusement le livre. Il ne savait pas trop combien de temps cela prendrait à lire, si le jeune homme acceptait. Aurait-il le temps de le finir? Ce serait très frustrant si il devait ne jamais connaître la fin. Il n'avait malheureusement aucun moyen de juger. Il ne savait absolument pas combien de temps cela prenait pour lire un livre, ne l'ayant jamais expérimenté. Il avait déjà vu des livres plus gros que celui-là, ceci dit...Donc ce ne devait pas être un livre gigantesque. Mais quand-même...Combien de temps cela prenait-il, lire un livre de cette taille? Il n'en avait vraiment aucune idée. Pour lui, cela pouvait être une heure comme trois jours.

Il attendit donc la réponse de son hôte bienveillant.

C’était logique… c’était logique que Gabriel refuse la proposition d’Anthony. Après tout, en une seule soirée, il ne pourrait pas tout apprendre, et le peu qu’il aurait retenu, il risquait de l’oublier bien vite avec un manque de pratique. Anthony aurait pu lui donner le livre, mais ce n’était pas le genre de livre avec lequel on s’entraine vraiment à la lecture, il n’était pas adapté à l’apprentissage de la lecture mais était fait pour ceux qui savent déjà lire. Anthony aurait bien voulu l’aider, pourtant, mais il savait bien qu’il était impuissant à ce propos. Il sourit donc gentiment quand Gabriel refusa sa proposition et lui dit qu’il appréciait quand même.

Et le silence allait retomber, un peu gêné probablement, chacun ne sachant trop quoi dire. Toutefois, c’était sans compter sur l’intervention de Gabriel. L’humain s’était enhardi à demander à Anthony de lui faire la lecture. L’hybride le regarda un instant. Lui faire la lecture… oui, il le pouvait, bien entendu ! Il le pouvait, et il pensait même le faire… mais il ne s’attendait pas à ce que l’autre le lui demande. Il hésitait même à le demander lui-même. Après tout, c’était un sujet un peu sensible. Ca mettait trop en avant le handicap de Gabriel et les capacités d’Anthony. Ca aurait pu être interprété comme de la supériorité ou ça aurait pu tomber bêtement à plat. Mais comme c’était Gabriel qui avait demandé, le problème était résolu.

- Oui, bien sur, si tu veux… mais si je commence à te lire ce livre, tu n’auras pas la fin…

Même si ce n’était pas un gros livre, cela prendrait longtemps à lire ! Ce n’était pas en une heure ou deux que l’hybride pourrait le lire en entier, surtout à voix haute ! Déjà que s’il le lisait pour lui, un peu en diagonale, ça prendrait plus de temps que ça… le lire à voix haute, bien s’attarder sur chaque phrase… ça allait être long ! Gabriel n’aurait sans doute qu’un ou deux chapitres – les chapitres étaient assez gros – sur une dizaine. Juste de quoi être captivé par l’aventure… et ne jamais en connaître la fin. C’était triste…

- Malheureusement, je n’ai pas d’autres livres sur moi… en général, je n’en emporte pas quand je voyage.

Il préférait voyager léger. Et donc ne pas s’encombrer du moindre objet – même léger – qui n’était pas capital. Parce qu’accumuler des tas d’objets peu lourd… ça pesait quand même assez lourd au final, et surtout ça prenait de la place, ça occupait du volume. Anthony ne voyageait pas pour lire, et si jamais l’envie de lire le prenait et qu’il était dans un endroit civilisé, il pouvait se permettre de s’acheter un ouvrage.

- Je peux commencer quand même la lecture si tu veux… Ou, si tu préfères, je peux te raconter une autre histoire…

Et sinon, ils trouveraient autre chose. Ils pourraient parler de tout et de rien, un peu, puis se résoudre à se coucher. Ils n’étaient pas vraiment dépendant d’un emploi du temps précis, alors rien ne les empêcherait de trouver quelque chose à faire ! Mais l’hybride n’allait pas être le seul à décider.

- A toi de voir.

Il sourit gentiment. Ca le changeait, ce genre de rencontre, mais ce n’était pas désagréable, au contraire.

Gabriel fut vraiment déçu. Il jeta un regard triste au livre. Il ne saurait donc jamais ce que contenait celui-ci...Il aurait vraiment aimé, pourtant. Ce livre avait presque quelque chose de symbolique pour lui, il l'avait touché, caressé, sentit, scruté. Découvrir les secrets qu'il contenait aurait été merveilleux...Mais il semblait que les mystères qu'il renfermait resteraient à jamais inconnus pour lui. Malheureusement, c'était son lot, le lot de sa vie. Il ne pouvait rien y faire, sinon se soumettre avec rage et se résigner avec tristesse. Il commençait à avoir l'habitude de toute façon, des déceptions. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il continuait à espérer. Il ne se comprenait toujours pas...

Bien sûr, il n'en voulait pas à l'autre homme. Ce n'était absolument pas sa faute! Le livre était trop gros, qu'y pouvait-il, ils n'allaient tout de même pas passer la nuit sur ce bouquin, ils ne tiendraient pas (puis ce serait vraiment chiant de ne jamais connaître la fin, vraiment frustrant). Lui tomberait de sommeil, et l'autre aurait mal à la gorge au bout d'un moment, le pauvre. ce serait bien mal le remercier pour son hospitalité, sa générosité et sa gentillesse! Gabriel lui en était reconnaissant. En plus, il avait la bonté de lui proposer de lui raconter une histoire, alors qu'il était probablement fatigué. C'était vraiment sympathique de sa part! le jeune garçon se sentait presque mal d'être déçu.

Après un dernier regard pour le livre, il décida de le chasser définitivement de ses pensées, ou au moins d'essayer. Après tout, se faire raconter une histoire, ce pouvait être bien aussi, non? Pour lui, ce ne pourrait jamais être aussi bien que de se faire faire la lecture. Était-ce vrai, était-ce faux, ça je ne le sais pas, mais en tout cas c'est ce que pensait Gabriel sans trop savoir pourquoi. Il s'était toujours imaginé que se faire lire une histoire était mieux que de s'en faire raconter une. Ce devait être vrai...Non? Les histoires qu'il entendait autour du feu, racontées par des mendiants, étaient généralement nulles en tout cas. Bon, il était bien sûr que les éventuelles histoires que pourrait lui raconter cet homme seraient bien différentes et d'un tout autre genre...Mais bon.

Il se sentait un peu coupable d'abuser de la gentillesse de Tony, mais...Il avait tellement, tellement envie d'entendre une histoire ce soir...Et il était si rare qu'une occasion comme cela se présentait...Une fois, juste une fois, pouvait-il se permettre de penser un peu à lui avant les autres, juste pour une petite chose comme ça? Il en avait vraiment envie, de se faire raconter une histoire comme un enfant...

Toujours assis sur le lit, il ramena ses jambes contre lui et appuya son menton sur ses genoux et, le regard brillant d'envie, il demanda d'une voix hésitante:

-Tu peux...me raconter...Une histoire? S'il te plaît...

L’humain hésitait visiblement. Lire un livre devait être important pour lui qui ne savait pas lire – plus que le simple fait de raconter une histoire, qui peut se transmettre par oral assez facilement – mais ne pas avoir la fin du livre serait certainement triste. Cruel dilemme devant lequel il devait se trouver. Surtout que ce livre-là, il avait l’air de vraiment vouloir en percer les secrets. Il ne savait même pas de quoi sa parlait… Peut-être qu’Anthony lui lirait le quatrième de couverture, pour lui donner une idée de l’histoire, si c’était intéressant à lire. Parce que des fois, les quatrième de couverture sont nuls. Des fois, c’est juste des critiques, des fois c’est juste un mot sur l’auteur… des fois ça ne fait que poser quelques questions pour donner envie de lire le livre sans vraiment dire de quoi ça parle… Et ce ne serait pas terrible pour Gabriel ! Les trucs inutiles l’ennuieraient : quel intérêt il trouverait à connaitre les grandes lignes de la biographie d’un auteur ou une critique encourageant à lire un livre qu’il ne lirait jamais ? Quel intérêt trouverait-il à n’avoir de des interrogations supplémentaires à propos du texte, alors qu’il ne pourrait jamais répondre à ses questions..?

L’humain ramena ses jambes contre lui et son regard brillait d’envie. Il ressemblait vraiment à un gamin comme ça. C’était mignon. Anthony trouvait ça touchant. Gabriel opta finalement pour une histoire, et la façon dont il demanda était adorable. Une voix hésitante. Ca complétait bien le tableau qu’il offrait. Anthony sourit gentiment.

- Bien sur !

Puis il s’installa plus confortablement à côté de l’humain et passa un bras autour de ses épaules. Comme il aurait fait avec son petit frère s’il en avait eu un. C’était plus confortable et ça ajoutait une ambiance agréable à l’histoire. De la complicité dans l’attitude et dans les murmures. Parce que comme ça, pas besoin de crier. Qu’est-ce qu’il allait lui raconter comme histoire ? Quelque chose d’assez court… quelque chose d’intéressant…

- Je vais te raconter une vieille légende. L’histoire d’un vieux sage. Un très vieux sage qui vivait tout là-haut, dans une montagne aux pentes très abruptes. Les gens d'en bas, dans la plaine, allaient régulièrement le consulter lorsque se présentait un problème insoluble pour eux. Et le vieux sage avait toujours la solution juste. Toujours. Mais pour avoir leur réponse, les gens d'en bas devaient escalader cette montagne aux pentes très abruptes pendant trois jours et trois nuits pour le consulter, c'était une tâche très ardue…

L’hybride fit une pause. Il avait présenté le contexte, venait maintenant le début de l’action.

- Un jour, les gens d'en bas se réunirent pour parler du vieux sage. Un jeune homme leur dit qu'il en avait assez d'avoir à grimper la montagne à chaque fois qu'il avait une question existentielle. Il voulait mettre en déroute le vieux sage avec une question piège. Il demanda donc aux gens qui étaient avec lui de l'aider. Il imagina toutes sortes de questions et chaque fois que quelqu'un en proposait une nouvelle, une autre personne disait que le vieux sage avait déjà répondu à cette question.

Il mettait bien le ton, dans son histoire, essayant de la rendre plus vivante. Il parlait pas, murmurant presque, comme s’il confiant un récit fascinant, un secret millénaire, à l’humain.

- Finalement, je jeune homme trouva une question qui pourrait intimider le vieux sage. Fier de lui, il expliqua aux autres gens d’en bas : « Je vais attraper un oiseau à l'aide d'une cage et lorsque je serai en face du vieux sage je lui demanderai si l'oiseau que je tiens dans mes mains est mort ou vivant. S'il répond qu'il est mort, je le laisse s'envoler, et s'il répond qu'il est vivant je le tue et lui montre qu’il s’est trompé. » La félonie de cet homme allait-elle être décelée par le vieux sage ? Tous les habitants d’en bas escaladèrent la montagne pendant trois jours et trois nuits pour voir la défaite du vieux sage. Ils arrivèrent en haut avec les vêtements tout déchirés et le jeune homme posa sa question au sage. Alors le vieux sage regarda chacun des visiteurs dans les yeux un par un en prenant son temps et en les scrutant de haut en bas. Puis il regarda le jeune homme et dit : « Mon jeune ami... la vie de cet oiseau est entre vos mains »

Anthony regarda l’humain en souriant légèrement. L’histoire était terminée. Elle était assez courte, mais bon… Et puis, L’hybride voulait savoir ce qu’en avait pensé l’humain.

Gabriel fut bien content que l'autre accepte, de toute façon le contraire aurait été bien étonnant puisqu'il le lui avait lui-même gentiment proposé...Il se crispa cependant légèrement quand il passa son bras autour de ses épaules. Il faut comprendre que le jeune garçon n'avait pas une très bonne expérience des contacts, lorsqu'on le touchait c'était presque toujours soit pour lui faire mal, soit pour le prendre...Ou les deux. Comme une petite bête battue, il avait avait à la fois envie qu'on le caresse et peur. Pourquoi le touchait-il soudainement comme ça? Ils n'étaient pas proches pourtant, pourquoi cette soudaine intimité? N'était-il pas comme les autres finalement, ne voulait-il pas que son corps lui aussi au final, à la différence que lui s'y prenait d'une manière plus persuasive qu'agressive?

Toutes ces pensées se bousculèrent dans sa tête durant quelques secondes, puis il se calma progressivement en voyant que les mains de l'homme restaient à la bonne place et qu'il ne semblait pas vouloir faire quelque chose d'indécent. Au dur et à mesure que l'histoire fut contée, il se détendit, tout en restant quand-même un peu méfiant. Mais il lui faudrait des années et des années hors de la rue pour apprendre à ne plus constamment être sur ses gardes...Donc c'était pas gagné d'avance.

Heureusement, l'histoire captiva Gabriel, qui de toute façon n'était pas bien difficile à contenter puisqu'il adorait les histoires.Les yeux brillants, les genoux toujours repliés vers lui, il ne bougea pas d'un poil de toute l'histoire comme pour être sûr de ne pas en perdre une seule miette.

Quand la fin du récit arriva, il ressentit une grande déception, pas à cause de récit en lui même, non, il l'avait beaucoup aimé, mais plutôt parce que c'était déjà fini. Il en voulait encore! Même qu'un peu plus et il se serait écrié: «Une autre, une autre!» Comme un simple gamin. Ce qu'il était encore, au fond, même si il ne le savait pas...Enfin.

Il s'éclaircit la gorge, un peu gêné, et marmonna:

-Merci, j'ai bien aimé...

Il ouvrit la bouche puis la referma, il avait envie d'en demander une autre, oh, juste une, une toute petite, après tout ils avaient toute la soirée non, il n'était pas si tard, et l'autre avait été assez courte. Bien sûr, il se pouvait qu'il en ait juste assez mais...Oooooh...Il s'en fallait de peu pour qu'il promette d'être sage si on lui contait une autre histoire -_-

Cependant, il ne dit rien malgré son envie, par gêne.Il se contenta de regarder le plancher.

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